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Comment la méthode Feldenkrais de prise de conscience par le mouvement peut-elle nous aider à mieux vieillir ? Qu'est ce qui différencie la vie de la mort ? Le mouvement, c'est la vie. L'absence de mouvement, la mort.

Vieillir fait partie d'un cycle immuable : naître, grandir, vieillir, mourir. La vie, c'est le mouvement : le premier cri, les premiers pleurs, la respiration, la tétée. Tout ce qui définit une vie, notre vie, est lié au mouvement. Même penser, c'est encore du mouvement, celui des neurones dans notre cortex.

Dès notre naissance, nous commençons à grandir et à apprendre : à tourner, à ramper, à marcher à quatre pattes puis debout. Nous apprenons à nous servir de nos mains, à prendre, tenir, donner, caresser, taper, sauter, courir, parler, chanter. Tous ses actes que nous apprenons sont du mouvement, tous ces mouvements sont la vie. Tous ses actes nécessitent de contracter et relâcher des muscles, ceci commandé par la pensée, avec un système complexe de feedback entre nos muscles et notre cerveau. C'est le principe de la psychomotricité. Jusqu'à l'adolescence, nous passons l'essentiel de notre temps à apprendre, aussi bien avec notre corps qu'avec notre cerveau.

 

Puis nous avons suffisamment d'acquis pour mener notre vie, nous nous casons : un métier, un(e) conjoint(e), des enfants... La part de notre temps dévolue à l'apprentissage se réduit, il faut gagner sa vie, assurer les tâches ménagères. Nous n'avons plus le temps et aussi nous avons moins envie d'explorer et d'apprendre. Moins explorer, moins apprendre, moins bouger ! Nous ne découvrons plus chaque jour un nouveau geste, un nouveau mot, mais seulement chaque semaine, puis chaque trimestre, chaque année, chaque décennie. Sans nous en rendre compte, le temps passe, nous n'avons plus le temps de rien, en particulier nous n'avons ou n'avons plus de temps pour nous-même ! Pour écarter nos orteils, sauter une barrière, faire un sprint, sourire, crier. A la fois nous en avons moins envie, et puis cela ne se fait pas ! Un adulte doit savoir se tenir, un quinquagénaire plus qu'un quadra, etc. Progressivement, nous nous habituons à moins bouger, par manque d'envie, par habitude, par manque de temps... A force de moins bouger, notre corps en perd l'habitude, nos articulations s'ankylosent, nos muscles perdent de leur réactivité, de leur puissance et de leur souplesse.

Pendant nos premières années, nous multiplions les premières fois, le premier repas à la cuillère... les premiers pas... le premier mot... la première fois que l'on fait du vélo... que l'on fait l'amour... le premier travail... Elle date de combien de mois ou d'années votre dernière première fois ? Inventez de nouvelles premières fois et vous rajeunirez ! Rampez, tournez, mettez-vous en boule, ouvrez-vous, jouez sur un tapis Feldenkrais et vous rajeunirez !

En terme de mouvement, il y a deux manières d'accélérer le processus du vieillissement :

1 - Faire trop d'efforts, forcer, dépasser nos limites, trop solliciter notre organisme, nos articulations, nos muscles, ne pas nous écouter...

2 - Ne pas bouger assez, ne pas faire de sport, ne pas utiliser notre dos, nos articulations, ne pas remuer nos orteils, les muscles de notre visage...

Bref : nous usons plus vite notre organisme si nous nous en servons trop ou si nous nous en servons pas assez !

Avec la méthode Feldenkrais, nous prenons conscience du mouvement juste, ni trop ni trop peu, et nous entretenons notre capacité à jouer avec nous-même, à inventer chaque semaine de nouveaux mouvements inhabituels qui, en amenant de la mobilité dans les recoins de notre corps les moins conscients, nous permettent de conserver la mobilité de notre enfance, qu'il s'agisse de la mobilité de nos vertèbres, de nos mains, de nos pieds et orteils, de notre visage...

Avec la methode Feldenkrais, vous ne réduirez pas vos rides, mais vous conserverez une large palette d'expressions du visage (c'est un peu le contraire du Botox...), un large palette de mouvements, de postures. Vous ne vous enfermerez pas inexorablement dans un schéma de plus en plus étroit, mais chaque semaine vous explorerez de nouveaux chemins, dans votre corps, dans votre vie... Il ne s'agit pas de nier la réalité de notre âge, mais d'utiliser au mieux notre potentiel de mouvement selon nos possibilités.